La sélection de la semaine


Lundi

TF1, 5 h 50 : Le destin du docteur Calvet

On commence tôt et en beauté avec Le destin du docteur Calvet, que j'ai découvert lorsque je travaillais de nuit, en rentrant du boulot. Une antiquité datant des années 80, sorte d'ancêtre à la française des soaps qui ont déferlé sur nos écrans par la suite. L'intrigue est totalement incompréhensible, les acteurs authentiquement amateurs, mais c'est ici surtout la réalisation qui émerveille : des plans-séquence de plusieurs minutes filmant des dialogues pondus par des illetrés, une image jaune à vomir, des personnages habillés comme des roumains, et surtout des décors en carton renforcé dont on sent qu'ils vacillent dès qu'un acteur fait un mouvement. Mais j'adore ce feuilleton, idéal pour ces fins de soirées où on l'on a encore le goût du Ricard dans la bouche.

France 2, 11 h 05 : Motus

Il est facile de taper sur les jeux télé en tous genres, et vous verrez que je tombe souvent dans cette faiblesse. Mais s'il y a un jeu que l'on peut défendre, c'est bien Motus. Par son concept, tout d'abord, que vous connaissez sans doute, et qui fait fonctionner un minimum les neurones avant l'apéritif, surtout depuis le passage aux mots de sept lettres. Mais c'est son ambiance assez conviviale qui me plait bien, une ambiance bon enfant qui doit beaucoup à Thierry Beccaro, un animateur à l'opposé du cynisme, dont beaucoup aiment à se moquer. S'il fait très souvent des bides, cet homme est authentiquement fou, et lorsqu'il part en vrille et devient délirant, il retombe parfois sur ses pieds, et peut à l'occasion être assez drôle. Et ceci n'et pas du second degré.

TF, 13 h 55 : Les feux de l'amour

Au delà des Feux de l'amour, ce sont tous les "Des jours et des vies" et les "Amour, gloire et beauté" du monde que je vise. Je ne peut tout simplement pas concevoir qu'une personne humaine, dotée d'un cerveau d'intelleigence même inférieure, même sans emploi et s'ennuyant à mourir, puisse un instant regarder un programme pareil. Ces feuilletons ont pourtant leur petit succès, c'est un euphémisme, et cela reste un mystère pour moi. Tous ces personnages, ces dialogues insignifiants, ces intrigues et ces tromperies totalement téléphonées, ces images si affreuses tant elles sont lisses et clinquantes, tout cela est à gerber. L'intérêt de ces séries se situe en dessous du néant. Je préfère encore regarder le docteur Calvet, au moins on peut le prendre deuxième (au dixième) degré, et ça peut devenir assez "rigolade", expression que j'utilise avec mon copain Arnaud D. Mais là, rien de tout cela, aucun humour, rien que du concentré de ridicule.

France 2, 17 h 40 : Le groupe

Alors là, gros mystère. Déjà avant que la série ne commence, à travers les bandes-annonces, j'avais un petit doute. Oserait-on nous refaire le coup des productions mémorables d'AB, véritable industrie puante de fantasmes pour adolescents pré-pubères ? J'ai voulu vérifier de mes propres yeux. Et j'ai regardé. Au début, j'ai beaucoup ri, parce que c'était écrit avec les pieds, joué de manière ridicule par des gens qui osent se dire acteurs (mention quand même à la jeune fille toujours en mini-jupe, à qui je fleurirais bien l'orifice interdit), ça contenait des rires pré-enregistrés sur des répliques consternantes, et c'était filmé avec des moyens tels qu'on n'en dispose même plus en Albanie. Je me suis dit, tout cela est du second degré, c'est quand même bien foutu, ils ont réussi à caricaturer au plus près les anciennes séries de TF1. Quel talent, quel finesse pour dépeindre leur ridicule. Puis je me suis dit que la campagne de bandes-annonces étaient une sorte de canular, que la série s'arrêterait aussitôt après le premier épisode, après qu'on ait bien rigolé. Mais non, ça s'est poursuivi jusqu'au vendredi, et ça dure maintenant depuis plusieurs semaines, toujours sur le même niveau. Ce n'est donc pas du second degré. Il existe donc dans ce pays des personnes, sans doute grassement rétribuées, pour pondre des séries aussi insultantes pour l'intelligence (même pour le jeune qui il est vrai n'est pas très fin), des séries qui renvoient donc à ceux qui la regardent une image totalement fanstasmée des rapports entre adolescents. Je m'adresse à toi, le jeune : l'adolescence, contrairement à ce qu'on t'a dit, c'est sale, les poils poussent, les filles saignent, les toilettes du lycée sont toujours dégueulasses, l'adolescence, ce n'est pas un péteux très beau et une pétasse très belle qui font bisou-bisou sur un banc. Ne regarde plus cette série qui te renvoie une image totalement déformée de la réalité.

Canal +, 19 h 45 : Le Zapping

Ce que j'apprécie dans le Zapping, c'est que dans cet espace froid, aseptisé et totalement consensuel qu'est en train devenir Canal+, il reste encore quelques espaces de résistance armée. Car si sa fonction est pour beaucoup de simplement montrer ce qui s'est passé de drôle la veille, le Zapping est une émission presque politique, réalisée par gens plutôt engagés, qui réussissent par un savant art du montage à nous montrer les contradictions de tous les puissants de ce monde, quels qu'ils soient, à nous alerter sur des calamités et des misères humaines passée totalement inaperçues, tant elles sont aujourd'hui devenues ordinaires pour le légume de base qui ne décolle de son canapé que pour aller manger ou déféquer. Continuez la lutte messieurs.

France 3, 20 h 20 : Foot 3

Une émission de foot qui n'apporte absolument rien : elle nous fait du réchauffé avec les buts incrits en championnat le week-end, des buts que l'on n'a même plus envie de regarder tellement on nous a déjà assommés d'images avec sur les autres chaînes. Un ton différent qu'ils nous disent à France 3, décalé (Ah! quel mot à la con). Le décalage en question ce serait plutôt les deux jours de retard pour montrer les images des matchs du week-end. Seul intérêt notable de ce programme : la présence de Valérie Perez, une journaliste sans doute de grande qualité, mais totalement incompétente en matière de football. Mais depuis Sophie Thalman, on sait que ça n'est pas important. Certes, pour les interviews, elle est assez douée pour arracher quelques confidences à certains joueurs d'ordinaire plutôt taciturnes. Car Valérie Perez a un visage des plus... charmants, avec une bouche proche de la vulgarité, que même le plus farouche opposant à la religion football aimerait avoir tout contre son... oreille, lui sussurant doucement quelques mots interdits.

TF1, 23 h 35 : Y'a pas photo !

Avant de commencer à critiquer cette émission présentée par Laurent Fontaine et Pascal Bataille, je tiens à préciser que je n'ai absolument rien contre l'homosexualité. Je ne fais que juger le contenu de l'émission en question. Soit une ressucée à peine déguisée de l'émission poubelle de Jean-Marc Morandini qui sévissait il y a quelques temps déjà. Même sujets raccoleurs sur des petites gens aux vies misérables (la vie au camping, c'est bien), mêmes invités bis sur le plateau (il y a toujours un Guy Marchand ou une Rika Zarai pour apporter leur contribution intellectuelle), même format d'animateurs dénués de tout talent. Ici, ils sont donc deux, et on pourrait donc penser que l'un rattrape la connerie de lautre, et vice-versa. Mais non, tous deux sont égaux dans la fadeur et l'insignifiance. Une émission qui ne sent vraiment pas très bon.



Mardi

France 3, 6 h 00 : Euronews

N'hésitez pas à vous lever, ou plutôt comme moi à vous coucher, en regardant Euronews. Ce journal balaye comme son nom l'indique tout l'actualité européenne, de façon concise mais toujours très complète, et offre souvent des infos très importantes pourtant passées sous silence dans notre beau pays. Conçu et réalisé par des équipes européennes, ce journal traite surtout souvent l'actualité française avec beaucoup plus de recul et d'intelligence que nos médias nationaux, le plus souvent à la solde de l'Etat. Avec également une actualité sportive sur le continent très largement développée, qui ravira tous les amateurs de Water-polo croate.

TF1, 8 h 30 : le Téléshopping

Croyez le ou pas, Laurent Cabrol est toujours l'inoxydable présentateur de cette émission. Il a plus d'un tour dans sac pour nous fourguer les pires merdes invendues du Bricomarché situé à deux pas du studio. Dans chaque émission, déjà, vous êtes sûr de trouver un spray miracle pour faire briller votre bagnole. C'est un passage obligé. Puis on passe fort logiquement à un plat révolutionnaire pour faire la cuisine, un plat qui, Laurent nous le répète, résiste à des températures de près de 800 degrés. Bon moi, mon four ne va que jusqu'à 280 degrés, mais pour ceux qui cuisent leur nourriture directement dans la cheminée, ça doit être fort avantageux. Et puis Laurent a toujours un appareil de musculation à vendre, un appareil qui vous sculptera un corps d'athlète, prétexte (dont je ne me plains pas) à montrer des jeunes femmes apétissantes moulées de lycra rose et noir. C'est de bonne guerre. Un programme indéboulonnable, dont la suppression serait un véritable séisme dans le P.A.F., et qui provoquerait sans doute des manisfestations violentes de retraités armés jusqu'aux dents (s'ils en ont encore) de mixeurs et autres ouvre-boîtes magiques.

TF1, 11 h 20 : Sunset beach

Une version moderne des Feux de l'amour, plus accessible pour nos amis les djeunzes. Des filles plus belles, plus jeunes (plus chaudes aussi, de vraies sunset bitches), des hommes plus beaux, plus jeunes, la formule est simplissime. Certes, c'est un peu plus agréable pour l'oeil. Mais les mêmes scénaristes pisse-copie sont aux commandes, les mêmes réalisateurs de films d'entreprise sont derrière la caméra, produisant le même jus gluant de sentiments mielleux et d'images laides. Alors ne tombez pas dans le panneau, ceci n'est qu'un feu de l'amour déguisé, n'essayez pas de le regarder en croyant y voir quelque chose d'inoffensif, sous peine de risquer la dépendance à ce type de feuilleton nuisant gravement à la santé.

Canal+, 12 h 25 : Le journal

Si vous ne devez regarder qu'un seul des journaux télévisés de la mi-journée, regardez celui-là. Il est court, synthétique, il parle de foot (qualité indispensable pour un journal qui se veut de qualité), bref c'est un condensé d'actualité, mais tout de même le plus complet possible. Et Bruce Toussaint est un type apparemment plutôt sympathique, beaucoup plus en tous cas que le haîneux et méprisant Billalian de France 2. La rédaction info de Canal+ me paraît de plus sensiblement plus indépendante que les rédactions des autres chaînes, et on y découvre parfois des choses étonnantes plus ou moins passées sous silence ailleurs. Et puis grosse innovation, leur nouvel habillage du journal, avec l'affichage des rubriques qui se succèdent, qui permet de zapper en attendant qu'ils en arrivent à parler de foot.

France 2, 16 h 35 : Des chiffres et des lettres

Aussi surprenant que cela puisse paraître, je trouve que Des chiffres et des lettres est une émission respectable. Il serait pourtant facile de lui tomber dessus : public de vieux, décors inchangés depuis les années 60, minimalisme du concept, silences pesants pendant les moments réflexions des candidats où la caméra ne sait plus quoi filmer... Mais j'aime plutôt regarder ce programme quand j'ai deux minutes à tuer, ça fait fonctionner le cerveau, ça me rend humble quand je vois des êtres fondamentalement plus intelligents que moi (sauf pour les chiffres où je suis très fort). Et Romejko est plus drôle que son physique de premier communiant le laisse à penser. Alors on arrête de se moquer des Chiffres et des lettres s'il vous plait.

TF1, 18 h 55 : Le Bigdil

Rumeur circulant depuis quelques temps dans les milieux autorisés : Lagaf' serait en réalité titulaire d'un doctorat en sciences nucléaires, et sa formation de G.O. au club Med ne serait qu'une couverture lui permettant d'animer cette émission qui sonde chaque jour un peu plus les profondeurs abyssales de la connerie humaine, activité certes dégradante mais autrement plus rémunératrice que la recherche scientifique, à laquelle il entend toutefois se consacrer à nouveau dans les années à venir. Une information à vérifier quand même.

TF1, 0 h 40 : Les coulisses de l'économie

Sans doute l'une des émissions les plus repoussantes qui aient jamais existé à la télévision française. Soit une ode à la gloire de nos belles entreprises qui font des profits monstrueux, béatifiées à chaque fois que leur action en bourse a une érection, à la suite de licenciements massifs scandaleusement et hypocritement rebaptisés pour l'ocasion en "plans sociaux" ou en "plan de restructuration salariale". Le pur produit d'une chaîne qui n'a d'autre objet que de servir les intérêts d'un certain groupe de BTP, se déroulant dans une atmosphère totalement irrespirable, obscène de froideur et de cynisme, qui doit beaucoup à ses deux journalistes permanents. Jean-Marc Sylvestre est un personnage hautain et imbu de sa personne, qui croit qu'il a un petit pouvoir entre les mains parce qu'il parle à des gens qui se croient importants, et son accolyte dont je ne me rappelle pas le nom a tout du jeune con fraîchement débarqué de son école de commerce, qui croit dur comme fer au libéralisme et à la puissance des entreprise nationales pour faire avancer notre beau pays. Détestable.



Mercredi

Canal+, 12 h 40 : Gildas et vous

Profitant du grand nettoyage d'été survenu à Canal+, sont arrivées de nouvelles émissions censées attirer de abonnés potentiels regardant les tranches en clair de la chaîne. Gildas et vous en est l'exemple type. Son procédé est le suivant : on prend un concept qui marche bien (la libre antenne, l'interactivité tout ça), un peu de voyeurisme par rapport aux problèmes personnels d'anonymes (ou "d'écouteurisme", puisque ici ce sont des appels téléphoniques que l'on écoute), un animateur vedette de la chaîne pour chapeauter tout ça. Mais la perversité de Gildas et vous, c'est que l'on y voit des abonnés à Canal, qui y présentés comme privilégiés, qui sont censés conseiller les appels désespérés, presque dotés de pouvoirs surnaturels de résolution des problèmes quotidiens grâce au décodeur posé sur leur télé. Je suis moi-même abonné à Canal, et croyez-moi, je suis infoutu d'avoir une vie quotidienne qui mérite d'être vécue, alors vous comprendrez que je suis loin d'être habilité à résoudre les problèmes des autres. Non, tout cela est fait pour montrer qu'être abonné, c'est bien, que ça élève votre statut social, et que les petites gens qui regardent sans doute cette émission doivent s'abonner. C'est un procédé assez bas, qui ne m'étonne pas au regard de l'évolution générale de Canal+, l'âme de cette chaîne s'évaporant peu à peu.

M6, 17 h 00 : Fan de

Le rendez-vous incontournable de toutes les pisseuses aux murs de chambre tapissés de posters de Britney ou de Christina, présenté par Séverine Ferrer, très mignonne au demeurant, mais dont le cerveau semble souvent assez mal irrigué. Pas besoin de parler de cette émission, vous en connaissez déjà le principe : des reportages ultra promotionnels sur des gens connus, qui ne nous apprennent rien si ce n'est le titre et le prix de leur dernier album, en vente dans le Auchan situé près de chez vous. A noter la rubrique remarquable où un fan peut enfin, après des années passées à lécher ses posters, rencontrer son idole de toujours : ils n'ont rien à se dire, s'échangent des banalités et des sourires gênés, la star fait un effort pour se montrer conviviale parce que sa maison de disque lui a demandé de paraître sympa et donc plus vendeur, le fan croit que la sympathie de la star est sincère et s'accroche à son pantalon, bref tout cela met vraiment mal à l'aise. Et puis moi, je suis fan de Labradford, et Labradford dans Fan de, c'est pas pour demain.

France 2, 19 h 00 : On a tout essayé

Cruel dilemme, On a tout essayé ou Bigdil ? Je n'ai pas honte de l'avouer, il m'arrivait assez souvent d'écouter Ruquier et sa bande le matin, lorsqu'il était sur France Inter. Certes, Ruquier était déjà pénible à chercher à faire des jeux de mots pourris toutes les 10 secondes, mais Gérard Miller, pas encore trop connu alors, était franchement drôle et intéressant, Le Bolloc'h pas trop mal, Bravo marrante à force d'être un caricature d'elle même, bref c'était une ambiance plutôt sympa et pas désagréable. Déjà en passant sur Europe, le ton est devenu moins convivial, l'équipe s'est élargie à des membres franchement insupportables (pas de délation ici), et j'ai peu à peu lâché prise. Mais en passant au petit écran, Ruquier a vraiment commencé à me gonfler. S'il a tenté de conserver l'esprit d'équipe, chacun joue dorénavant perso et tente de faire son petit numéro ridicule, sur un concept permettant un renouvellement facile des sujets, permettant de remplir une émission pourtant vide de tout intérêt. L'humour potache des rares amuseurs du groupe s'est totalement liquéfié en passant à l'écran, Mille en vient lui-aussi à se caricaturer, Duboscq est saoûlant, et Bolender me donne des envies de meurtre avec barbarie. Puisque l'on parle de Bolender : celui-ci semble s'étonner qu'on en vienne à le frapper au cours de ses caméras cachées, alors qu'il est capable de faire des farces du style venir en uniforme nazi à une bar-mitzvah (il ne l'a pas fait mais il en est capable). Frappez le s'il vous emmerde, le seul intérêt de ses reportages, c'est de le voir souffrir.

TF1, 20 h 35 : La Champions League

En voilà un programme qu'il est bien. Des matchs le plus souvent de qualité, face à des adversaires qui nous permettent de mesurer combien notre football national est petit à l'échelle européenne. Mais cette année apparemment, plus d'intermèdes en studio avec l'ineffable Roger Zabel et les appels à la solidarité nationale de Tonton Guy Roux, afin de remplir son stade à Auxerre lors d'un 32ème de finale de Coupe de France. Juste les matchs, rien que les matchs, avec Thierry et Jean-Mimi aux commentaires. C'est vrai, Thierry Rolland est stupide, chauvin, et limite raciste. Et il est aussi vrai qu'il déteint peu à peu sur Jean-Mimi, celui-ci participant de plus en plus aux concours de blagues douteuses et aux manifestations de connerie que ne manque pas de lui lancer son fidèle compèr,e avec lequel il entretient des relations pour le moins ambiguës. 90% des commentaires sont donc assez pénibles, mais malgré tout, par instants, on se surprend avec culpabilité à rire bêtement, de façon quasi incontrôlable, après une énième vanne de Thierry sur l'arthrose de ses camarades du Variété Club de France. Juste pour ça, on s'abstiendra de couper le son, même si on en a une énorme envie.

France 2, 22 h 30 : Ca se discute

Difficile de s'attaquer à Delarue : un jeune homme bien sous tous rapports, toujours bien mis, qui donne la parole aux gens ordinaires, sans cynisme, sans moquerie, qui nous fait comprendre le monde dans lequel nous vivons et nous apprend à mieux connaître nos semblables. Hum... On oublie un peu vite qui est Delarue : sous ses dehors d'être de synthèse impénétrable, un ancien jeune con sorti d'une grande école de commerce, les dents raclant le sol, prêt à tout pour arriver tout en haut et pour, comme ils disent affreusement dans ce milieu, "lever des KF". On oublie également la fameuse réputation de "voleur de patates" du temps d'El Kabach. Delarue est sans doute quelqu'un d'attentionné et de prévenant pour son prochain, n'empêche que sur son plateau, on sent qu'il se fait profondément chier à écouter les miséreux évoquer leurs problèmes de corps aux pieds, et qu'il est toujours au bord de l'explosion quand le public se fait chahuteur ou qu'un technicien lui envoie la lumière d'un projo dans la gueule. Mais il est obligé de rester là, il doit faire le boulot, car il a trouvé un filon d'or en barres, le concept qui fait fureur aujourd'hui : donner aux téléspectateurs un miroir, qui leur renvoie d'eux une image fidèle, parfois ridicule, parfois flatteuse, humaine quoi. Si la mode était aux émissions sur les soupes en sachet, il en aurait fait son fond de commerce. Mais la mode est aux petites gens, et l'autre émission qu'il produit, C'est mon choix, dont je parlerai plus loin, va encore plus loin dans ce sens (grotesque).

TF1, quelque part dans la nuit : Très Chasse

Le rendez-vous de petits matin arrosés. Lorsque l'on s'affale sur le canapé, ivre-mort, et que l'on appuie au hasard sur un bouton de la télécommande, c'est toujours sur ce programme que l'on tombe. Il serait facile de se moquer des chasseurs, comme le fait un mauvais comique marseillais dans son spectacle. C'est vrai qu'ils ne sont pas toujours très fins, qu'ils parlent comme des charretiers, qu'au moment d'appuyer sur la gachette, ils ne font pas toujours la différence entre un sanglier et le gosse du beau-frère qui court dans la forêt, qu'ils boivent plus que de raison et souvent avant d'aller se friter avec la faune de nos campagnes. Tout ça, tout le monde le sait. Ce que je voudrais simplement évoquer, c'est le fait que tous les chasseurs ou presque disent aimer la nature et vivre en harmonie avec elle, ou d'autres conneries de ce genre. Mouais. Bien sûr. Pour simple réponse à cela, je me contenterai de raconter une séquence quasi surréaliste, que mon état éthylique m'a peut-être fait réver, ou qui a sans doute été réellement diffusée : on y voyait un chasseur (de base, pléonasme) clamer devant la caméra, fier de sa petite gloire misérable, combien il respectait la nature et les animaux qu'il chassait, tout cela le pied posé sur la gueule d'un sanglier ensanglanté qu'il venait d'abattre d'une balle dans le cul.

Jeudi

M6, 9 h 10 : M6 Boutique

Ressemble comme deux gouttes d'eau au télé-achat de TF1 : mêmes articles invendus à refourguer, mêmes filles dénudées pour vendre un grille-pain, et surtout même baratin insupportable des présentateurs. Ici c'est le dénommé Pierre Dhostel qui s'y colle, un type encore plus pénible que Laurent Cabrol, qui fait l'article comme le dernier des chefs de rayon, science particulière nécessitant condescendance discrète envers le client potentiel, tout en essayant de flatter son intelligence et de faire en sorte qu'il se sente important, tout cela alors que l'on est en train d'essayer de lui vendre un épluche-légume. Pierre Dhostel a été formé à la quinzaine commerciale et ça se voit. Il est ici accompagné de Valérie Pascale, ex-miss France (en 1987, les critères de sélection étaient beaucoup plus souples), fille fort peu sympathique, ayant toujours l'air d'avoir ses règles. A la question "êtes vous douée en sciences physiques ?", Valérie Pascale répond souvent "Oui, bien évidemment, je travaille surtout les abdominaux et les dorsaux". Bref, comme sur TF1, deux animateurs au QI étonnant pour nous épauler dans nos choix cornéliens de chauffe-plats et autres rateaux, mais une petite originalité assez perverse : une séquence où les deux Einstein en question se retrouvent au coeur d'une petite assemblée que l'on nous présente comme composée de clients du télé-achat (mamies désoeuvrées à 95%), qui boivent chaque phrase du duo, mais qui écoutent surtout la parole évangéliste de spécialistes venus sur le plateau spécialement pour nous parler des articles. Un spécialiste du tuyau d'arrosage est même venu exprès du Gers pour dire "ah qu'il est bien mon tuyau", devant une assemblée captivée. Difficile de résister.

France 3, 13 h 55 : C'est mon choix

Une émission qui mériterait à elle seule une thèse sociologique, et dont je parle plus longuement par ailleurs. Pour résumer, cette émission est une sorte de Zoo, certes propre et bien entretenu, où sont exposées à la nation les spécimen de mammifères les plus étonnants, mais surtout les plus ridicules, les plus pathétiques. Et la France entière qui regarde tout ça, curieuse, voyeuse, attirée comme un aimant par tout ce qui sent mauvais, et qui veut voir ces animaux si singuliers, venus sur le plateau de leur plein gré exposer ce qui les différencie fondamentalement de l'être humain, et qui repartent souvent traumatisés après s'être faits hués. Tous les cons crient à la tolérance et au respect, alors que tout ce cirque et sa ménagerie de "freaks" est tout simplement puant de cynisme et de cruauté. Gerbant.

France 2, 19 h 50 : Un gars, une fille

Un format court et un concept simple importés du Canada (mais sans laccent ridicule fort heureusement), pas forcément désagréable à regarder. Jean Dujardin est un type assez drôle et qui tient bien son personnage, et Alexandra Lamy, si elle en fait des tonnes, parvient parfois à arracher quelques sourires. Seulement la réalisation est anorexique, et les séquences souvent mal écrites, avec des dialogues souvent plats et des situations téléphonées. Ils se mettent pourtant à plusieurs pour les pondre, mais je suis sûr qu'ils ont un autre métier dans leur vie, ce n'est pas possible autrement. Le genre d'émission que l'on est ravi de retrouver pendant la pub sur les autres chaînes, mais pour laquelle on ne gaspillerait pas 5 minutes de cassette vidéo même la plus pourrie pour l'enregistrer.

Canal+, 19 h 55 : Les guignols de l'info

1996 aura été une année catastrophique pour la télévision française : certes marquée par la disparition tragique d'Annie Cordy, mais surtout par le départ de Benoit Délépine et de Jean-François Halin de leur poste d'auteurs permanents des Guignols de l'info à Canal+. Tous les personnages les plus drôles, toutes les expressions qui faisaient le tour de la France, tout le talent à mêler critique télévisuelle, sociale et politique à un humour populaire mais toujours de qualité, tout cela c'était eux. Depuis, c'est la dégringolade. Bruno Gaccio, leur ancien partenaire de jeux, est lui resté en place. Je déteste Bruno Gaccio, l'homme, je trouve son humour douteux, pas drôle. Mais quand il écrivait en compagnie d'Halin et de Délépine, il était bien encadré, et pondait des sketchs souvent marrants (voir le sketch sur Chantal Goya). Depuis, son talent semble s'être totalement volatilisé. Il s'est adjoint l'aide de disciples totalement dévoués à sa personne, qu'il renouvelle régulièrement autour de lui. Avec Alexandre Charlot et Franck Magnier, à partir de 1996, le niveau avait baissé mais restait honorable. C'était plus cynique, avec plus de cruauté gratuite et d'acharnement (lorsque l'on n'arrive pas à se trouver de nouvelles cibles, on s'accroche à celles que l'on a inventées), écrit avec moins d'imagination, mais il y avait toujours quelques créations qui sauvaient le tout (Virenque, Jacquet,...). Mais depuis que l'équipe a une nouvelle fois splité, c'est devenu carrément inregardable, vide de sens et d'humour, simplement fait pour faire sourire le lycéen de base. Gaccio est toujours là, il est donc responsable devant les hommes de la perte des guignols. Pourtant cette année, il semble avoir plus de temps devant lui, il n'a plus à écrire ses petits textes avec Gildas et De Petrini le midi, textes tellement insupportables de cynisme, de manque d'inspiration et surtout si riches en bides que Gildas était toujours obligé de couiner son rire caractéristique pour masquer la consternation du public. Les guignols sont morts et c'est bien triste.

France 2, 20 h 55 : Envoyé spécial

Une émission fort respectable, inattaquable pour sa ligne de conduite et ses choix éditoriaux. Mais une émission moins incisive, moins pertinente et qui semble-t-il traite ses sujets avec moins de profondeur qu'il y a quelques années. On y trouve donc plus de sujets "ordinaires", et moins d'épaisseur dans le propos de journalistes souvent de simples interviewers sans conscience politique et sans esprit critique, mettant moins de sens dans le montage des images. Envoyé spécial ne fait pas vraiment du journalisme d'investigation, titre qu'on lui a souvent donné, dans le sens où il ne nous apprend souvent rien que l'on ne sache déjà. C'est plutôt un programme d'illustration neutre voire politiquement correcte de l'actulité ou de faits de société de notre pays, ou qui verse parfois dans la carte postale de pays lointains, souvent idyllique. Dans ce style de reportage-voyage, toutefois, on a pu voir il y a quelques temps déjà un sujet merveilleux, qui évoquait la misère des chercheurs de saphirs dans un pays d'Afrique, survivant par leur seule foi en la découverte d'une pierre précieuse, reportage qui suivait quelques personnages magnifiques et attachants. Mais ce genre de sujet n'est malheureusement que très rare dans Envoyé spécial.

TF1, 1 h 05 : Très pêche

Très Pêche est une émission moins insoutenable que Trés Chasse. On y retrouve les mêmes protagonistes avinés certes, mais ils se retrouvent cette fois pour disserter autour de l'élément eau et de ses beautés fugaces. Une eau insaisissable et volatile, au flot apaisant et poétique, à l'éclat lumineux fait de mille scintillements argentés, reflétés par une surface impénétrable masquant des trésors insoupçonnés. C'est monsieur Jean-Louis, un ami pêcheur, qui m'a dit ça. Bref, moins de sang et chairs déchiquetées ici, seulement l'homme contre le poisson, luttant à armes égales. Et il arrive même parfois à l'homme victorieux, dans un élan presque chevaleresque, de relâcher sa proie, et de la rendre à sa vie aquatique, les branchies arrachées, simplement pour la beauté du sport. On en viendrait presque à les aimer, ces pêcheurs.

Vendredi

France 3, 17 h 50 : C'est pas sorcier

Un programme tout à fait respectable, conçu tout spécialement pour nos amis les tout petits, mais qui sont malheureusement occupés à la même heure, regardant la une pour savoir si Brandon et Kelly vont se remettre ensemble. C'est bien dommage, parce que Jamy, Fred et Sabine se donnent beaucoup de mal pour initier notre jeunesse désoeuvrée aux rudiments de la science. Notamment le dénommé Jamy, l'homme qui reste cloîtré dans le camion, qui ne voit jamais le soleil et qui est tout blanc : il n'a pas son pareil pour nous reconstituer les mécanismes complexes d'une centrale nucléaire avec de la terre cuite et du carton de récupération. Il vient tout juste de terminer son oeuvre avant de tourner la séquence, il y a encore des traces de feutre sur la maquette et un extincteur tout près pour éviter que ça ne prenne feu, mais tout ça ne le perturbe pas le Jamy, il croit dûr comme fer à ce qu'il fait, il doit remplir sa mission auprès des jeunes ignorants. Et si une soupape en mie de pain lui explose à la gueule, ce n'est pas grave, ce sont les risques du métier. Une telle détermination et une telle foi dont feraient bien de s'inspirer certains animateurs que je ne nommerai pas.

Canal+, 20 h 05 : Burger Quizz

Le jeu télé différent, décalé comme ils aiment bien dire à Canal, de cette rentrée. On invite des "bons clients", Dieudonné, Farrugia, Baffie, Jamel, qu'on mélange avec des cons comme vous et moi, ça vanne assez bas et petit, un Chabat en petite forme pose des questions qui se veulent drôles et d'un humour décalé (encore), écrite par une batterie d'auteurs grassement rétribués (on sent les auteurs de "H" derrière tout ça), le tout dans un décor djeunze, pas comme dans les chiffres et les lettres. Bon, ce n'est pas ce que je préfère, c'est souvent assez inégal, mais pour peu que les invités (connus bien évidemment, les candidats étant souvent consternants de banalités ou à essayer d'être drôles) soient bons et en forme, l'émission peut être assez plaisante et être tout à fait regardable. En attendant Tout le sport sur la trois bien sûr.

France 3, 22 h 40 : On ne peut pas plaire à tout le monde

C'est vrai que Marc-Olivier Fogiel peut être très, très pénible parfois. Il cherche, il cherche, souvent simplement pour le plaisir de chercher, et lorsqu'il s'en prend une en retour, il fait l'étonné. Mais il est comme ça, on ne le changera pas. Je dois pourtant l'avouer, je regarde souvent son émission lorsque je n'ai rien de particulier à faire le vendredi soir, c'est à dire chaque vendredi soir. Il a souvent des invités plutôt intéressants à écouter parler, où qu'il est amusant de voir être mis sur le gril, car Fogiel, s'il est vrai qu'il fait souvent de la provocation gratuite, pose souvent les questions qui fachent sous lesquelles les masques de certains tombent souvent, la langue de bois mal assurée. Les chroniqueurs de Fogiel sont souvent assez bons, même si Stéphane Blakowski cherche un peu trop à ressembler à son patron, et qu'Ariane Massenet, certes plutôt drôle, ne mérite pas les éclats de rire incontrôlés de Fogiel, et les tonnerres d'applaudissements qui retentissent chaque fois qu'elle ou un invité dit prout, une mode très "C'est mon choix". Mais tout cela reste malgré tout plaisant et dynamique, et digne de mon attention bienveillante.

TF1, 23 h 10 : Sans aucun doute

Je ne comprends pas le succès de Julien Courbet. Certes, c'est un animateur, dans le sens où il fait suivre à son émission des rails bien précis, et distribue la parole à ses invités. Mais un animateur fade, peu drôle, qui a beaucoup de mal à se mettre en avant. Alors pour pallier à cela, Courbet s'est entouré d'une sorte de Dream Team, avec des chroniqueuses dont on ne sait même pas de quoi elles parlent puisqu'on les regarde plus qu'on ne les écoute, avec bien sûr Maître Berges (qui a réponse à tout et notamment si votre voisin sent des pieds, attaquez le en justice !) mais surtout avec quelqu'un sans qui notre monde serait triste et gris, j'ai nommé l'ineffable Pascal Sellem, qui a plus d'un tour dans son sac pour nous faire rire avec ses caméras cachées toujours plus fines et plus révélatrices des moeurs actuelles de notre société. Un type dont le cerveau devra être conservé dans le formol à sa mort, afin d'être étudié par les générations futures pour jamais plus un tel être ne puisse revenir sur Terre.

ou bien

TF1, 23 h 10 : C'est quoi l'amour ?

Un remake de l'émission à vomir qui sévissait il y a quelques années, "L'amour en danger". Présentée par Carole Rousseau, une animatrice plutôt désirable, pour parler poliment, cette émission invite des anonymes à la sexualité navrante à venir témoigner dans le petit écran afin, je cite Télé7jours, "d'apporter une contribution utile à la conquête de l'harmonie des couples". Mouais. Ici, on a plutôt l'impression d'assister à un défilé d'exhibitionnistes devant des voyeurs trop contents de l'aubaine qui s'offre à eux. Tout cela se situe toujours dans la mouvance "donner la parole aux gens ordinaires" et toutes ces conneries. Enfin, des gens ordinaires... inviter des zoophiles sur le plateau, ça n'est pas vraiment ordinaire. Mais non ça n'est pas réellement arrivé. Mais si ça l'était, est-ce que quelqu'un aurait osé se plaindre ?

M6, 1 h 20 : M comme Musique

Alternative à Très Chasse lorsque l'on a des insomnies, la version de "M comme Musique" qui passe la nuit contient souvent beaucoup de bons clips de nouveautés de qualité ou de groupes conifrmés, tout cela dans des ambiances plutôt electro ou rock, rien à voir avec les clips qui passent le matin ou l'après-midi, simple espace de promotion des grosses machines françaises ou mondiales.